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"3 mois sans prof de maths" : le témoignage accablant des élèves en difficulté, livrés à eux-mêmes

Alors que la Cour des comptes révèle que 10 millions d'heures de cours ont été perdues l'an dernier, ce sont les élèves des zones prioritaires qui paient le prix fort.

Auteur
Éloi Martin
4 novembre 2025 0 min

Éloi Martin, auteur et pédagogue, transforme l’orthographe en jeu grâce à des astuces claires, des dictées chantées et des fiches à télécharger.

Alors que la Cour des comptes révèle que 10 millions d'heures de cours ont été perdues l'an dernier, ce sont les élèves des zones prioritaires qui paient le prix fort. Entre trous dans l'emploi du temps et "autonomie forcée", témoignages d'une génération qui doit "tout faire toute seule".

Pour Farah, élève de 3ème, l'année du brevet a commencé avec un handicap majeur : des lacunes abyssales en mathématiques. La raison ? Ce n'est pas un manque de travail, mais une absence institutionnelle. L'année dernière, sa professeure a été absente pendant trois mois. Trois mois sans remplaçant, trois mois de programme effacés.

"C'est compliqué", souffle l'adolescente au micro de RMC. "Par exemple Pythagore, j'étais perdue et je ne l'ai appris que cette année alors qu'à la base, c'était dans le programme de l'année dernière."

Le cas de Farah est loin d'être isolé. Il illustre une réalité chiffrée froidement par la Cour des comptes dans son rapport rendu public ce vendredi 12 décembre : l'année dernière, 9% des heures de cours n'ont pas été assurées au collège.

La double peine des zones prioritaires

Si la moyenne nationale est inquiétante (près d'une heure sur dix perdue), la situation devient critique dans les établissements les plus fragiles. Le rapport souligne que c'est dans les collèges en zone d'éducation prioritaire (REP) que l'hémorragie est la plus forte, avec 11% d'heures perdues.

Devant un collège REP du 14ème arrondissement de Paris, Nathan, agenda en main, fait les comptes. Son professeur de mathématiques manque à l'appel depuis une semaine.
"Là on commence à 9h", montre-t-il. Le vendredi, c'est encore plus radical : "Je termine à 14h30".
Bilan comptable pour sa scolarité : 5 heures de maths en moins sur une seule semaine.

"On doit tout faire tout seuls"

Face à ces chaises vides, la réaction des élèves oscille entre le soulagement immédiat et l'angoisse du décrochage.
Sur le moment, beaucoup admettent savourer cette liberté inattendue. "Quand ils ne sont pas là, c'est clairement mieux", lance un collégien. "Ça fait du bien de ne pas travailler et de finir une heure plus tôt", renchérit un autre.

Mais l'euphorie retombe vite quand il faut affronter les évaluations. Pour Maïssa et Nesrine, ces heures "libres" se transforment en charge mentale à la maison.
"On rate des cours, après on doit rattraper. Donc on n'a pas d'explications, on doit tout réviser chez nous, tout faire tout seuls", expliquent-elles, dépitées.

L'urgence des remplacements

Ce phénomène d'autonomie forcée crée un cercle vicieux : sans explication du professeur, les notions sont mal assimilées, le retard s'accumule, et les élèves finissent par décrocher.

Face à ce constat, les associations de parents d'élèves tirent la sonnette d'alarme. Au-delà des chiffres, elles réclament des moyens concrets pour assurer des remplacements systématiques dès qu'une absence se prolonge. Car comme le prouve l'exemple de Pythagore pour Farah, une heure perdue en 4ème peut devenir un échec scolaire en 3ème.

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